1.1.
Contexte général ^
Ces corpus de savoir repose sur diverses disciplines et n’est pas confiné à celles qui sont en lien direct avec la dispensation de soins (sciences biomédicales, sciences infirmières, etc.). Il englobe les sciences naturelles, les sciences de la vie et les sciences humaines et sociales. Au vu de l’importance de la santé comme facteur d’épanouissement humain, l’ensemble de ces savoirs personnels, résultant de l’expérience, et scientifiques ne constitue pas une fin en soi. Il a en effet des implications sur la pratique des professionnels de la santé, ainsi que sur la manière dont la médecine se comprend elle-même et sur la manière dont son mandat social est perçu, formulé et soutenu par la société et les institutions (Julio Frenk et al., 2010).
Pour agir de manière directe et efficace sur les déterminants de la santé, le passage d’une approche des MH orientée principalement sur l’individu à une approche de santé publique orientée principalement sur le système de santé et les collectivités paraît nécessaire. Une telle démarche doit toutefois également reposer sur les savoirs générés par les SHS. Dans cette ligne de pensée, les professionnels de la santé doivent être reconnus comme des « courtiers du savoir » (knowledge brokers) (Frenk et al., 2010) qui agissent en pleine conscience et introspection dans le sens des buts sociaux de la médecine.
1.2.
Contexte helvétique ^
1.3.
Revue de littérature ^
En suivant une approche orientée sur la pratique, la formation en éthique des soins de santé et en SHS peut influencer positivement l’empathie, le professionnalisme et le soin de soi (self care) des étudiants en médecine et en soins infirmiers (Schwartz et al., 2009 ; Walsh, 2013) alors que dans une approche plus psychologique, le but de la formation en SHS est d’améliorer les modèles de résilience des étudiants. Johanna Shapiro critique un modèle ornemental ou consensuel de l’enseignement des SHS qui peut devenir « un outil de gouvernance de la culture dominante » (traduction) (Shapiro, 2012, p. 2f.). Toutefois les thèmes couverts dans les SHS sont considérés comme pertinents par les professionnels de la santé. Dans les soins infirmiers, la relation entre les SHS et la formation des infirmières est souvent perçue comme intrinsèque au vu de la dimension « humanisante » des soins qui ressort explicitement de nombreuses définitions des soins infirmiers. Il a ainsi été proposé de ne pas considérer les SHS comme « consubstantielles » à la médecine ou aux soins infirmiers, mais comme une interface sous forme d’expérience humaniste interdisciplinaire (Cheryl Dellasega et al., 2007).
A la lumière de la littérature, au moins trois problèmes et tensions conceptuels peuvent être dégagés. Premièrement, parler des SHS dans la médecine ou de MH soulève le danger d’évoquer une dichotomie entre « jugement technique » et « jugement humain » (Jane Macnaughton, 2000) des professionnels de la santé. Aujourd’hui, l’idée que la médecine doit être « humanisée » par les humanités projette une lumière ambivalente sur les disciplines et les professionnels qui agissent en leur sein. D’autant plus que l’auto-compréhension de la médecine comme un effort holistique est documentée par un nombre croissant d’études qualitatives. Deuxièmement, l’enseignement des SHS doit se faire en lien étroit avec les objectifs de formation des professionnels de la santé. Comme l’argumentent David J. Doukas et ses collègues (2012), l’étude des SHS n’est pas une fin en soi ; elle doit viser à promouvoir le professionnalisme et avoir des buts clairs, évalués comme tels. A ce propos, il paraît opportun d’élargir la réflexion aux SHS dans la santé et pas seulement dans la médecine. Il ne s’agit pas d’un simple glissement sémantique, mais d’une prise en compte des enjeux de santé publique allant au-delà de la pratique professionnelle des médecins et des infirmières. Troisièmement, la relation entre « décrire » la réalité ou l’expérience vécue au sein de la médecine (par exemple à travers les arts visuels) et susciter une motivation de la « changer » est mal prise en considération, particulièrement l’importance de déclarations ou jugements normatifs face à des comportements discutables d’un point de vue éthique (par ex. paternalisme médical non justifié, voir Mark R. Wicclair, 2008).
2.
Questions de recherche ^
A la lumière des tensions conceptuelles relevées dans la littérature, des défis rencontrés dans la redéfinition des curricula des professionnels de la santé, ainsi que du débat entamé au sein des Académies suisses des sciences, la présente étude vise à explorer les trois questions suivantes dans le contexte suisse :
- quelle est la perception du rôle des SHS dans les pratiques et les formations des professions de la santé et, le cas échéant, quelles sont les différences de perception selon ces professions ?
- Quelle est la place des SHS dans les formations des professions de la santé ?
- Quelles sont les disciplines qui relèvent respectivement des SHS et des MH ?
3.
Buts ^
En partant de la description du rôle des SHS, les buts de la recherche sont les suivants :
- apporter un éclairage sur le rôle – indispensable ou non – des SHS dans les formations et les pratiques des professions de la santé ;
- fournir des pistes de réflexion sur la manière dont les différentes disciplines qui constituent les SHS peuvent être mieux intégrées dans les curricula de manière à répondre aux besoins des patients, des populations et des professionnels de la santé ;
- offrir une vision inclusive des SHS qui englobe les MH dans la réflexion selon une approche interdisciplinaire.
4.
Méthodologie ^
La méthode choisie a été de procéder par un sondage via la plateforme internet SurveyMonkey. Sur la base de la revue de littérature et de son expérience en matière d’enseignement des SHS en médecine et dans les soins infirmiers, l’équipe de recherche a élaboré un questionnaire en 4 parties :
- données personnelles et démographiques (Q. 1 à 17) ;
- perception en général de la place des SHS dans la formation et la pratique des professions de la santé en Suisse (Q. 18–21) ;
- relation entre les MH et les SHS (Q. 22–24) ;
- perception des enseignants du domaine des SHS sur la place de cet enseignement dans les Facultés de médecine et les HES (Q. 25–27).
Certaines professions se trouvent à cheval entre les soins et la santé. C’est le cas des psychologues4 ou des managers de la santé. Bien qu’ils agissent souvent en relation avec le système de soins, ils ne sont pas nécessairement reconnus comme exerçant une profession de la santé au sens étroit. Relèvent ainsi du groupe 3 les seules professions qui sont réglementées et dont l’exercice est soumis à autorisation et du groupe 4 celles qui ne s’identifient pas a priori au domaine des soins.
Puis les professionnels qui ont suivi une formation, de base ou ultérieure, dans le domaine des SHS5 ont été distingués de ceux qui n’ont pas suivi une telle formation. Dans le cadre de cette étude, les formations en santé publique ont été assimilées aux formations dans le domaine des SHS. Un tel choix se justifie d’abord par le fait que la santé publique ne constitue pas stricto sensu une discipline ou une science, mais plutôt une thématique commune à de nombreuses disciplines, en particulier les SHS. La reconnaissance dès les années septante de la notion de « déterminants de la santé » correspond d’ailleurs à un intérêt croissant des SHS pour la santé, notamment sous l’angle de l’économie, de la sociologie, du droit et de l’éthique. A contrario, la santé publique dans le paysage académique suisse est souvent rattachée aux Facultés de médecine. Comme l’affirme un répondant : « C’est absurde de considérer […] que la santé publique est une SHS : la médecine de population (autre nom de la médecine de santé publique) est une discipline médicale qui inclut l’épidémiologie, la bio statistique, etc… qui doit être enseignée dans un track spécifique (ce qui est d’ailleurs le cas après la première année) ». Mais cela n’est pas partout la règle, les Ecoles de santé publique étant indépendantes des Facultés de médecine dans de nombreux pays. Distinguer les SHS de la santé publique au sein des disciplines académiques pourrait aussi créer un autre problème de classification, les SHS contribuant aussi à une meilleure compréhension de la santé publique. D’ailleurs, a posteriori, nous avons effectué une analyse de sensibilité, à partir de la régression logistique, pour vérifier si les résultats observés restaient similaires après avoir exclu les personnes ayant uniquement une formation en santé publique. En effet, sur les 64 personnes formées en santé publique, 44 n’avaient pas suivi d’autre formation en SHS (14 médecins, 20 infirmières, 6 personnes formées en sciences naturelles, 2 en santé paramédicale, et 2 sans autre formation). L’analyse a confirmé que la classification des SHS sans la santé publique ne changeait pas les résultats de manière significative.
5.1.
Données démographiques (Q. 1 – 17) ^
Au vu des données démographiques, le sondage apparaît représentatif. Les répondants se répartissent à raison de 67.1% de germanophones, 22.2% de francophones, 4.7% d’italophones, 3.5% d’anglophones et 2.5% pour les autres langues. En comparaison avec les chiffres de l’Office fédéral de la statistique (OFS), il y a une légère surreprésentation de la Suisse alémanique (OFS : 63.5%) et une sous-représentation de la Suisse italienne (OFS : 8.1%) alors que le chiffre est assez représentatif pour la Suisse romande (OFS : 22.5%). L’équilibre des genres est également bien respecté : 73.25% de femmes et 26.75% d’hommes ont répondu au sondage, alors que l’OFS identifiait en 2008 72% de femmes et 28% d’hommes dans les professions de la santé. Enfin, en ce qui concerne la représentation des professions médicales et infirmières, les données (2014) de l’OCDE font état d’un rapport de 23,3% (4.1/17.6) entre le nombre de médecins et celui d’infirmières en Suisse6. En comparaison, l’étude comprend 65 médecins répondant pour 306 infirmières, soit un rapport de 21.2%.
5.2.
La perception des sciences humaines dans la formation et la pratique des professions de la santé (Q. 18 – 21) ^
Pour ce faire, chaque discipline SHS a été croisée avec les quatre catégories de formations de base puis avec la catégorie SHS, ceci en lien avec la question 18 puis dans la question 19. Un ajustement a été effectué par une régression logistique avec les variables âge, genre, les quatre catégories formation de base et la catégorie SHS pour voir si le choix de l’importance de la discipline est influencé par l’une de ces variables. Le groupe de formation de base en soins infirmiers étant le plus important, il a servi de groupe de référence.
Dans la formation de base
Tableau 1
Q18 Résultats significatifs par ordre d’importance des disciplines SHS dans la formation de base pour les quatre catégories de formations de base, en pourcent de OUI, n= 486 | ||||
Ethique | 85.2 [IC 95% : 81.8 – 88.0] | M : 89.2 FS : 89.1 SI : 86.3 FNS : 73.9 | chi2(3)= 8.64, p= 0.03 | LR chi2(6)= 14.11, Prob > chi2= 0.02 Âge : OR= 1.42, p= 0.02 |
Médecine | 77.0 [IC 95% : 74.1 – 81.4] | M : 90.8 FS : 80.4 SI : 77.1 FNS : 68.1 | chi2(3)=10.39, p< 0.01 | LR= 22.2, Prob > chi2 = 0.001 Médecine : OR= 3.8, p= 0.005 |
Psychologie | 76.5 [IC 95% : 72.5 – 80.1] | FS : 86.9 SI : 80.4 M : 67.7 FNS : 60.9 | chi2(3)= 17.58, p< 0.001 | LR= 30.3, Prob > chi2< 0.0001 NS |
Soins infirmiers | 73.4 [IC 95% : 69.3 – 77.2] | SI : 89.2 M : 49.2 FNS : 49.2 FS : 39.1 | chi2(3)=107.03, p< 0.001 | LR= 115.9, Prob > chi2< 0.0001 Médecine : OR= 0.15, p< 0.001 Formations santé : OR= 0.7, p< 0.001 Formations non santé : OR= 0.17, p< 0.001 |
Droit | 55.7 [IC 95%: 51.2- 60.1] | SI : 61.4 M : 50.8 FS : 43.5 FNS : 43.5 | chi2(3)= 11.68, p< 0.009 | LR= 17.5, Prob > chi2 = 0.007 Formations santé : OR= 0.46, p= 0.015 Formations non santé : OR= 0.41, p= 0.003 |
Sociologie | 48.5 [IC 95% : 44.1 – 53.0] | SI : 53.6 FS : 52.2 FNS : 39.1 M : 32.3 | chi2(3)= 12.67, p= 0.005 | LR= 24.6, Prob > chi2 = 0.0004 Âge : OR= 1.26, p=0.02 Médecine : OR= 0.31, p< 0.001 Formations non santé : OR= 0.40, p= 0.003 |
Anthropologie | 25.1 [IC 95% : 21.4 – 29.1] | NS | LR= 31.2, Prob > chi2 < 0.0001 Âge : OR = 1.6, p< 0.001 Médecine : OR= 0.27, p= 0.002 | |
Sciences de l’éducation | 24.9 [IC 95% : 21.2 – 28.9] | SI : 29.7 FS : 26.1 FNS : 14.5 M : 12.3, | chi2(3)= 13.37, p= 0.004 | LR= 16.8, Prob > chi2 = 0.01 Médecine : OR= 0.27, p= 0.002 Formations non santé : OR= 0.35, p= 0.008 |
Histoire | 19.1 [IC 95% : 15.8 – 22.8] | NS | LR= 20.1, Prob > chi2= 0.002 Genre : OR= 2.1, p= 0.005 Âge : OR=1.33, p= 0.003 Médecine : OR= 0.44, p= 0.04 | |
SI : soins infirmiers M : médecine FS : formations santé FNS : formations non santé |
Quant à la discipline des soins infirmiers il est intéressant de voir dans la régression logistique (LR= 115.9, Prob > chi2< 0.0001) que les trois autres catégories de formations de base Médecine (OR= 0.15, p< 0.001), Formations santé (OR= 0.7, p< 0.001), Formations non santé (OR= 0.17, p< 0.001) pensent, plus que les infirmières (groupe de référence), que les soins infirmiers sont importants en formation de base. Alors que pour la discipline médecine, la régression logistique (LR= 22.2, Prob > chi2 = 0.001, OR= 3.8, p= 0.005) montre que comparé aux autres catégories seul le groupe des médecins pense que la médecine est une discipline importante dans la formation de base.
Tableau 2
Q 18 Résultats significatifs par ordre d’importance des disciplines SHS dans la formation de base, pour la catégorie formation ultérieure SHS, en pourcent de OUI, n= 486 | ||||
Disciplines | Non formé SHS, n=359 | Formé SHS, n= 127 | Pearson Chi2(1) et régression logistique LR chi2(6) | |
Médecine | 77.0 [IC : 74.1 – 81.4] | 81.6% | 67.7% | Chi2(1)= 10.55, p= 0.001 LR= 22.2, Prob > chi2 = 0.001 SHS : OR= 0.50, p= 0.008 |
Psychologie | 76.5 [IC : 72.5 – 80.1] | 82.2% | 60.6% | Chi2(1)= 24.24, p< 0.001 LR= 30.3, Prob > chi2< 0.0001 SHS : OR= 0.39, p< 0.001 |
Soins infirmiers | 73.4 [IC : 69.3 – 77.2] | 79.1% | 57.5% | Chi2(1)= 22.5, p< 0.0001 LR= 115.9, Prob > chi2< 0.0001 SHS : OR= 0.51, p= 0.01 |
Sociologie | 48.5 [IC : 44.1 – 53.0] | NS | LR= 24.6, Prob > chi2 = 0.0004 SHS : OR= 1.69, p= 0.03 | |
Anthropologie | 25.1 [IC : 21.4 – 29.1] | 22.3% | 33.1% | Chi2(1)= 5.80, p= 0.01 LR= 31.2, Prob > chi2 < 0.0001 SHS: OR= 2, p= 0.008 |
Politiques sociales | 22.6 [IC : 19.1 – 26.6] | NS | LR= 15.7, Prob > chi2 = 0.03 SHS : OR= 2.2, p=0.004 | |
Histoire | 19.1 [IC : 15.8 – 22.8] | 16.7% | 26.0% | Chi2(1)= 5.21, p= 0.02 LR= 20.1, Prob > chi2= 0.002 SHS : OR = 1.75, p= 0.04 |
La différence significative entre les résultats du groupe formé en SHS (n=127) et le groupe non formé en SHS (359) sont confirmés par la régression logistique. Cette différence montre qu’il n’est pas nécessaire d’être formé en SHS pour identifier comme importantes les disciplines médecine, psychologie et soins infirmiers dans les formations de base alors qu’il semble que ce soit nécessaire pour les disciplines anthropologie et histoire. L’analyse de sensibilité permettant de vérifier si l’implication des personnes, essentiellement formées en santé publique classées dans le groupe SHS, est grande, montre une légère diminution de la magnitude de l’association pour les disciplines médecine (OR= 0.65, p= 0.1) et soins infirmiers (OR= 0.74, p= 0.3). La différence pour ces disciplines entre personnes formées et celles non formées SHS est alors non significative. Pour les autres disciplines, les résultats sont les mêmes indépendamment de la santé publique intégrée ou pas dans les SHS.
Dans la pratique
Tableau 3
Q19 Résultats significatifs par ordre d’importance des disciplines SHS dans la pratique pour les quatre catégories de formations de base, en pourcent de OUI, n= 486 | ||||
Ethique | 79.2 [IC : 75.3 – 82.6] | FS : 82.6 SI : 82.3 M : 80.0 FNS : 62.3 | chi2(3)= 14.14, p= 0.003 | LR= 14.4, Prob > chi2 = 0.02 Formations non santé : OR= 0.42, p= 0.008 |
Médecine | 77.9 [IC : 74.0 – 81.4] | M : 87.7 FS : 80.4 SI : 79.1 FNS : 62.3 | chi2(3)=13.8, p< 0.003 | LR= 28.3, Prob > chi2 = 0.0001 NS |
Psychologie | 72.6 [IC : 68.4 – 76.4] | FS : 78.3 SI : 76.5 M : 63.1 FNS : 60.8 | chi2(3)= 10.78, p= 0.01 | LR= 21.5, Prob > chi2= 0.001 NS |
Soins infirmiers | 75.9 [IC : 71.9 – 79.5] | SI : 92.2 FNS : 52.2 M : 46.1 FS : 45.6 | chi2(3)=119.98, p< 0.001 | LR= 125.5, Prob > chi2< 0.0001 Médecine : OR= 0.09, p< 0.001 Formations santé : OR= 0.06, p< 0.001 Formations non santé : OR= 0.11, p< 0.001 |
Sociologie | 39.5 [IC : 35.2 – 43.9] | SI : 46.4 FS : 39.1 FNS : 27.5 M : 20 | chi2(3)= 20.58, p< 0.001 | LR= 23.8, Prob > chi2 = 0.0006 Médecine : OR= 0.24, p< 0.001 Formations non santé : OR= 0.43, p= 0.01 |
Sciences de l’éducation | 27.2 [IC : 23.3 – 31.3] | SI : 33.6 FS : 28.3 FNS : 13.1 M : 10.8 | chi2(3)= 22.34, p< 0.001 | LR= 27.7, Prob > chi2 < 0.0001 Médecine : OR= 0.22, p= 0.001 Formations non santé : OR= 0.34, p= 0.008 |
Politiques sociales | 18.3 [IC : 15.1 – 22] | SI : 23.2 FS : 15.2 FNS : 10.1 M : 6.1 | chi2(3)= 14.68, p= 0.002 | LR= 18.6, Prob > chi2 = 0.004 Médecine : OR= 0.21, p= 0.005 Formations non santé : OR=0.32, p= 0.01 |
SI : soins infirmiers M : médecine FS : formations santé FNS : formations non santé |
Tableau 4
Q19 Résultats significatifs par ordre d’importance des disciplines SHS dans la pratique, pour la catégorie formation ultérieure SHS, en pourcent de OUI, n= 486 | ||||
Disciplines | Non formé SHS, n=359 | Formé SHS, n= 127 | Pearson Chi2(1) et régression logistique LR chi2(6). | |
Ethique | 79.2 [IC : 75.3 – 82.6] | 82.2% | 70.9% | Chi2(1)=7.28, p= 0.007 LR= 14.4, Prob > chi2 = 0.02 SHS : NS |
Médecine | 77.9 [IC : 74.0 – 81.4] | 83% | 63.8% | Ch2(1)= 20.20, p< 0.0001 LR=28.3, Prob > chi2< 0.0001 SHS : OR= 0.40, p= 0.001 |
Psychologie | 72.6 [IC : 68.4 – 76.4] | 77.7% | 58.3% | Chi2(1)=17.85, p< 0.0001 LR= 21.5, Prob > chi2 = 0.001 SHS : OR= 0.44, p= 0.001 |
Soins inf | 75.9 [IC : 71.9 – 79.5] | 80.2% | 63.8% | Chi2(1)= 13.87, p< 0.0001 LR= 125.5, Prob > chi2< 0.0001 SHS : NS |
Sciences de l’éducation | 27.2 [IC : 23.3 – 31.3] | 30.4% | 18.2% | Chi2(1)= 7.11, p= 0.008 LR= 27.7, Prob > chi2 < 0.0001 SHS : NS |
Tableau 5
Q20 Opinion personnelle sur les SHS dans la santé en général, 1 (total désaccord)…7 (total accord), en moyenne, n= 486 | |
3. L’enseignement dans les SHS doit être orienté sur la pratique afin de préparer les étudiants à assumer leurs responsabilités professionnelles. | 6.19 |
4. L’enseignement dans les SHS doit viser à développer la capacité d’introspection des étudiants. | 6.09 |
2. L’enseignement dans les SHS doit viser à répondre aux besoins des patients et de la population. | 6.08 |
1. Les SHS sont utiles dans la pratique des professions de la santé | 5.93 |
10. L’enseignement des SHS devrait se faire tout au long de la formation | 5.87 |
7. Dans la formation des professionnels de la santé, les sciences biomédicales et les SHS sont d’égale importance | 4.99 |
8. L’enseignement des SHS devrait se faire surtout dans la formation de base | 4.33 |
9. L’enseignement des SHS devrait se faire surtout dans la formation postgrade | 3.67 |
5. Dans la formation des professionnels de la santé, les sciences biomédicales sont plus importantes que les SHS | 3.58 |
6. Dans la formation des professionnels de la santé, les expertises techniques sont plus importantes que les SHS | 3.43 |
Les propositions prioritaires sont au nombre de 3. Elles correspondent à ce qui ressort de la littérature :
- l’enseignement dans les SHS doit être orienté sur la pratique afin de préparer les étudiants à assumer leurs responsabilités professionnelles ;
- l’enseignement dans les SHS doit viser à développer la capacité d’introspection des étudiants ;
- l’enseignement dans les SHS doit viser à répondre aux besoins des patients et de la population.
Tableau 6
Q21 Application des connaissances SHS dans la pratique, 1 (jamais)...7 (très régulièrement), en pourcent, n= 486
Enfin, les répondants sont très nombreux, tous groupes confondus, à admettre que la formation dans le domaine des SHS doit être dispensée depuis la formation de base jusqu’à la formation continue. Les avis sont nettement moins favorables à l’idée de réserver les SHS à la formation continue. De nouveau, ce résultat est cohérent avec les réponses aux questions 18 et 19.
5.3.
La relation entre les MH et les SHS (Q. 22 – 24) ^
A la question 22, sur les 484 répondants, 196 (40.5%) connaissaient la notion de MH avant d’avoir lu le questionnaire, contre 288 (59.5%) qui ne la connaissaient pas. Ce sont les groupes médecine (56.3%) et formations non santé (53.7%) qui connaissent le mieux les MH et se différencient de manière significative avec les groupes soins infirmiers (37%) et professions de la santé (20%) avec un chi2(3)= 21.56, p= 0.000.
En comparaison, le groupe formé en SHS présente un résultat de 63.8% alors que le groupe non formé en SHS seulement de 32.2% avec un chi2(1)= 38.73, p= 0.000. Le fait d’être familiarisé à la notion de MH semble ainsi facilité par le biais des formations SHS. Ceci est confirmé dans la régression logistique ch2(6)= 80.2, Prob > chi = 0.000 qui montre dans le groupe SHS un OR= 3.3, p = 0.000.
Ceux qui avaient répondu positivement à la question 22 étaient ensuite invités à identifier les disciplines qu’ils considéraient comme relevant des MH. On retrouve ici pour l’essentiel les mêmes disciplines que celles mentionnées aux questions 18 et 19 avec une ouverture sur la littérature, les arts visuels et du spectacle, ainsi que la musique. Toutefois, comme pour les questions 18 et 19, l’éthique et la psychologie gardent une place prédominante, rejointes en cela par les sciences sociales en général. Viennent ensuite la santé publique et l’anthropologie, suivies de l’histoire et du droit. La littérature, les arts visuels et du spectacle, ainsi que la musique n’apparaissent qu’après, suivis par les sciences économiques et le management.
Une distinction claire entre les SHS et les MH paraît donc difficile à tracer sur la base de ces résultats. Pour reprendre le commentaire de l’un des répondants : « Le problème est que personne ne sait définir ça ». Cette difficulté est du reste confirmée par les réponses fournies à la question 24 qui porte spécifiquement sur les relations entre MH et SHS.
Tableau 7
Q. 24 Selon vous,…. (une seule réponse), n= 194 | ||
Les « Medical Humanities » sont un sous-groupe des SHS dans la santé | 53.6%, IC [46.5 -60.7] | 104 |
Les « Medical Humanities » sont un synonyme des SHS dans la santé. | 19.1%, IC [13.5 -24.6] | 37 |
Les « Medical Humanities » sont distinctes des SHS dans la santé. | 11.9%, IC [7.3 -16.4] | 23 |
Je ne sais pas. | 15.5%, IC [10.3 -20.6] | 30 |
Tout d’abord, l’appartenance à une catégorie de formation, que ce soit dans les formations de base (médecine, infirmières, professions de la santé ou professions non santé) ou bien dans la catégorie formé SHS n’a pas d’influence significative sur la répartition des réponses. Ensuite, seule une faible minorité des répondants considère que les MH se distinguent des SHS, le pourcentage des indécis étant plus élevé. A l’opposé, plus de 70% des répondants estiment que les MH sont soit un sous-groupe des SHS soit un synonyme de SHS.
5.4.
La perception des enseignants en SHS sur la place de cet enseignement dans les Facultés de médecine et les HES (Q. 25 – 27) ^
En dernière partie, le sondage vise plus spécifiquement les enseignants en SHS au sein des Facultés de médecine et des HES. 48 personnes se sont identifiées comme telles. Elles couvrent une large palette de disciplines, certains en enseignant plus d’une dont : 20 dans le domaine de l’éthique, 24 en santé publique, 12 en sciences sociales, et 11 en psychologie. A cela s’ajoutent 6 enseignants en management, 5 en histoire, et 4 en anthropologie, en droit et en média et communication. En ce qui concerne les sciences du langage, la littérature, les arts visuels et du spectacle, ainsi que la musique, ils n’apparaissent pas dans le sondage, sans que les raisons ne soient connues (faible nombre d’enseignants ou manque d’information sur le sondage).
Tableau 8
Q27 Opinion des responsables et enseignants SHS, de 1(total désaccord) à 7(total accord), en nombre, par ordre médiane (Me), n=48.
6.
Conclusion ^
7.
Références bibliographiques ^
Dominique Sprumont, professeur de droit et directeur adjoint de l’Institut de droit de la santé, Université de Neuchâtel, Av. du 1er-Mars 26, 2000 Neuchâtel ; vice-directeur de la Swiss School of Public Health et de l’Ecole Romande de santé publique ; dominique.sprumont@unine.ch.
Theresa Scherer, professeure et direction de filières d’études Bachelor en soins infirmiers, Haute école spécialisée bernoise – Santé, Berne ; theresa.scherer@bfh.ch.
Settimio Montverde, Haute école spécialisée bernoise – Santé, Berne ; settimio.monteverde@bfh.ch.
Marie-Noëlle Kerspern, professeure, Haute école de santé fribourg, Fribourg ; marie-noelle.kerspern@hefr.ch.
Cette étude a été réalisée avec un soutien de l’Académie suisse des sciences humaines et sociales (ASSH). Les auteurs tiennent à remercier leurs collègues de la Haute école de Santé (HES) de Fribourg pour leur soutien, en particulier Florence Rochat pour sa contribution au lancement de ce projet de recherche et à la définition de ses objectifs, Dominique Bardot pour sa participation à la rédaction, à l’évaluation et à la rétro-traduction du questionnaire, ainsi que Paul Vaucher pour ses conseils experts dans l’analyse statistique des résultats. Leurs remerciements vont également à Daniel Schnyder de la HES de Berne, division santé, pour son aide précieuse dans le traitement statistique des résultats. Les auteurs souhaitent aussi exprimer leur reconnaissance à Pierre Sprumont, Prof. em. Dr. med, pour sa relecture attentive et critique des dernières versions du présent article. Enfin, les auteurs adressent leurs plus vifs et sincères remerciements à toutes celles et tous ceux qui ont pris le temps de répondre au sondage et ainsi rendu possible la réalisation de cette recherche.
- 1 http://sclo.smifk.ch/sclo2008/ (dernière consultation le 30 juin 2017).
- 2 Ergothérapie, physiothérapie, sage-femme, diététique et nutrition, technicienne en analyse médicale, pharmacie, sport de la santé (sic), ostéopathie.
- 3 Anthropologie/ethnographie, droit, économie, épidémiologie, éthique, histoire, linguistique, philosophie, psychologie sociale, sciences de l’éducation, sociologie, politiques sociales, santé publique.
- 4 Pour ces derniers, nous avons dû renoncer à les placer dans l’une ou l’autre catégorie car il n’est pas possible de déterminer sur la base du questionnaire s’ils exercent ou non leur profession dans le cadre de la santé. De la même manière, nous ne les avons pas retenus dans la liste des SHS, n’étant pas exclu que certains relèvent de la loi sur les professions de la psychologie. Leur nombre étant réduit (7), cela n’a de toute manière que peu d’incidence sur l’analyse des résultats.
- 5 Anthropologie/ethnographie, droit, économie, épidémiologie, éthique, histoire, linguistique, philosophie, psychologie sociale, sciences de l’éducation, sociologie, politiques sociales, santé publique.
- 6 OECD (2017), Nurses (indicator). doi: 10.1787/283e64de-en (Accessed on 29 June 2017).
- 7 http://www.sagw.ch/fr/sagw/die-akademie.html (dernière consultation le 30 juin 2017).
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